Histoire de la Triumph Spitfire : Le roadster britannique culte des années 60-70
La Triumph Spitfire incarne l’élégance et la sportivité accessibles. Ce petit roadster britannique, produit de 1962 à 1980, a conquis les amateurs de voitures de caractère grâce à son style inimitable, sa maniabilité et son charme vintage.
L'histoire de la marque Triumph
L’histoire de Triumph débute en 1885 avec la fabrication de bicyclettes. La marque se lance ensuite dans la production de motos, puis d’automobiles dès 1923. Elle gagne rapidement en notoriété avec des modèles sportifs et populaires comme les Triumph TR2 et TR3, avant d’être reprise par Standard Motors.
Dans les années 50 et 60, Triumph devient un acteur majeur de l’automobile britannique. Elle se positionne comme une alternative plus sportive à MG, avec des modèles au style affirmé et aux performances honorables. En 1961, Triumph est intégrée au groupe Leyland Motors, puis au conglomérat British Leyland en 1968. Si cette période apporte de nouvelles ressources, elle marque aussi le début d’une lente dégringolade qui mènera à la disparition de la marque automobile Triumph dans les années 80.
Une marque aux multiples facettes : Avant de construire des voitures, Triumph était l’un des plus grands fabricants de motos au Royaume-Uni. La célèbre moto Triumph Bonneville fut même adoptée par Steve McQueen, qui en fit la promotion dans le film « La Grande Évasion » — bien qu’il joue un soldat allemand censé rouler en BMW !
La TR2, pionnière des records : En 1953, la Triumph TR2 atteint 201 km/h sur l’autoroute Jabbeke en Belgique. Un record pour une voiture de série à cette époque, qui contribue à asseoir la réputation sportive de la marque.
Des liens royaux : La Reine Élisabeth II a possédé une Triumph Herald convertible dans les années 60, un modèle chic et populaire qui précédait directement la Spitfire sur le plan technique.
Triumph et Hollywood : Au fil des décennies, les Triumph apparaissent dans de nombreux films et séries, symboles de l’élégance britannique. On retrouve par exemple des Spitfire, TR6 ou GT6 dans des productions des années 60 et 70, notamment dans des épisodes de James Bond ou dans les séries « Le Saint » et « Amicalement Vôtre ».
La genèse de la Spitfire : une réponse à MG
Au début des années 60, Triumph cherche à concurrencer les populaires MG Midget et Austin-Healey Sprite. Elle confie à l’ingénieur Giovanni Michelotti la mission de dessiner un petit roadster sportif. Le résultat est un modèle au design italien fluide, construit sur une base technique de Triumph Herald.
Le nom « Spitfire » rend hommage au fameux avion de chasse britannique de la Seconde Guerre mondiale. L’objectif de Triumph est clair : proposer une voiture légère, abordable, plaisante à conduire, tout en profitant d’une ligne racée et distinctive.
Durant les phases de développement, la Spitfire a bien failli ne jamais voir le jour. Le projet a été mis en pause en raison de contraintes budgétaires, avant d’être redécouvert et relancé par les dirigeants de Triumph, séduits par la maquette de Michelotti cachée dans un coin de l’usine.
Les spécificités du design de la Spitfire
Signée Michelotti, la ligne de la Spitfire allie élégance italienne et esprit britannique. Capot basculant, courbes galbées, pare-chocs fins : chaque détail renforce sa légèreté visuelle.
L’intérieur est simple mais fonctionnel, avec une planche de bord orientée vers le conducteur. Volant fin, compteurs Smiths, et position de conduite très basse renforcent les sensations.
Des propriétaires rapportent souvent que leur Spitfire est prise pour une Ferrari miniature, tant son style italien est prononcé !
Les spécificités du moteur
Les Spitfire sont animées par des moteurs 4 cylindres en ligne, de 1147 à 1493 cm³. Le moteur initial, issu de la Herald, est vif et léger.
La boîte manuelle à 4 vitesses, parfois avec overdrive, rend la conduite nerveuse. Son bruit caractéristique et ses accélérations franches sont typiques des petits roadsters anglais.
La Triumph Spitfire en compétition
Présente en rallye (Monte-Carlo, etc.) et même au Mans (versions allégées), la Spitfire a prouvé que légèreté et agilité pouvaient rivaliser avec la puissance brute.
Aux 24 Heures du Mans 1965, une Spitfire Le Mans termine devant des concurrentes beaucoup plus puissantes, grâce à son agilité et sa fiabilité.
Les générations de Triumph Spitfire
MK1 (1962–1964)
Première version, motorisée par un 4 cylindres de 1147 cm³ développant 63 ch. Elle séduit par son capot monobloc basculant vers l’avant, offrant un excellent accès à la mécanique. Légère (environ 700 kg), agile, elle propose déjà une conduite vive. L’intérieur est minimaliste mais soigné, avec des cadrans bien lisibles.
MK2 (1965–1967)
Cette version bénéficie de plusieurs améliorations mécaniques et esthétiques. Le moteur reste le 1147 cm³, mais gagne en souplesse avec une nouvelle culasse et une puissance portée à 67 ch. La calandre est redessinée pour un look plus agressif. L’insonorisation est améliorée, tout comme le chauffage, rendant la voiture plus utilisable au quotidien.
MK3 (1967–1970)
C’est l’une des versions les plus populaires. Le moteur passe à 1296 cm³, délivrant 75 ch. Le design évolue avec un nouveau capot et un coffre arrière redessiné, intégrant des feux plus modernes. L’intérieur est revu en profondeur avec un tableau de bord en bois, un nouvel agencement plus ergonomique, et une capote à pliage simplifié. Un pare-chocs avant plus relevé répond aux normes américaines.
MK4 (1970–1974)
La carrosserie est entièrement redessinée par Michelotti dans un style plus tendu, avec des lignes plus horizontales. Le moteur reste le 1296 cm³ mais reçoit une nouvelle suspension arrière à bras oscillants, supprimant les défauts de tenue de route des précédentes générations. L’habitacle devient plus cossu, avec une finition globalement meilleure. La MK4 marque une montée en gamme tout en conservant le charme de la Spitfire.
1500 (1974–1980)
Dernière évolution, la Spitfire 1500 reçoit un moteur 1493 cm³, qui développe 71 ch avec davantage de couple (11,5 mkg à 3000 tr/min). C’est la plus confortable des versions : planche de bord modernisée, sièges plus enveloppants, finitions plus soignées. Elle adopte des pare-chocs à absorption d’énergie pour répondre aux normes américaines. Elle perd un peu de légèreté, mais reste plaisante à conduire grâce à l’overdrive disponible en option. C’est aussi la version la plus diffusée.
Une voiture de collection accessible et attachante
Prix encore raisonnable : Sur le marché des anciennes, la Spitfire reste relativement abordable comparée à d’autres roadsters de la même époque. On peut encore en trouver en bon état à des prix accessibles, ce qui en fait une excellente porte d’entrée dans le monde de la collection automobile.
Mécanique simple, pièces disponibles : Son moteur rustique et éprouvé, partagé avec d’autres modèles Triumph, facilite les réparations. De nombreuses pièces détachées sont encore produites, et les garages spécialisés dans les anglaises classiques sont nombreux.
Conduite joyeuse et sensorielle : Capote baissée, on redécouvre le plaisir d’une conduite analogique, où chaque vibration, chaque sonorité du moteur et chaque virage rappellent l’essence même de l’automobile de loisir.
Entretien accessible soi-même : Grâce à son capot basculant façon “coquille”, l’accès au moteur est excellent. Même les amateurs avec peu d’expérience en mécanique peuvent entretenir leur Spitfire sans difficulté majeure.
Communauté active et passionnée : De nombreux clubs Triumph à travers l’Europe organisent des rallyes, des sorties, des expositions. On y trouve conseils, entraide et convivialité.
Un charme nostalgique : Elle évoque une époque où les voitures avaient une personnalité forte et où le plaisir primait sur la performance pure. Rouler en Spitfire, c’est voyager dans le temps à chaque virage.
La Triumph Spitfire, c’est bien plus qu’une voiture ancienne : c’est un symbole de liberté, de design raffiné et de plaisir automobile pur. Encore accessible aujourd’hui, elle continue de faire rêver les amateurs d’élégance mécanique.
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